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Que nous reste-t-il de René Descartes ?

24. 8. 2010




Rene Descartes - Arhitekt nove dobe

Non seulement Descartes marque très fortement l'imaginaire collectif des Français, mais il marque également l'image que les étrangers peuvent avoir des Français. Il est devenu un symbole, qui tend au cliché.


Voici une série d´exemples qui montrent un attachement général des français de tous bords envers la personne de Descartes.


En 1804 M. Degérando un catholique royaliste affirme que la rationalité cartésienne est un trait distinctif de l’école française.


En 1807 le socialiste Saint-Simon collaborateur d’Auguste Comte affirme que le scientisme appartient comme individu à Descartes et aux Français comme nation.


En 1828 Victor Cousin lui rend hommage en ces termes : cet homme c’est un Français ; c’est Descartes.


Le mythe du penseur français a continué de s’imposer à travers Charles Péguy qui qualifiait Descartes de cavalier français parti un jour de si bon pas.

Pour Alain : l’esprit maître de l’ordre a trouvé sa place dans le cartésianisme.

Paul Valéry décèle dans l'œuvre du philosophe les caractères les plus nets et les plus sensibles de l’esprit Français.

Même le parti communiste français revendique l'œuvre cartésienne. Maurice Thorez en Sorbonne déclare que sa philosophie renvoie à l’action et nous dit que nous pouvons nous même forger notre destin.

Ajoutons que le philosophe a sa place réservé au Panthéon grâce à un décret signé par la Convention en 1793 mais que le décret d’application n’a lui jamais été signé.

J’ai cherché à savoir par une enquête auprès des membres du Club Tchèco-Français d’Ústí nad Labem quel jugement général ils portaient sur Descartes et s'ils partageaint les clichés des Français.
J’ai demandé de noter spontanément environ cinq termes qui viennent à l’esprit à l’évocation de Descartes. J’ai récolté dix fiches sur lesquelles on trouve (le chiffre indique la fréquence d´apparition):


- Des connaissances d´ordre général : Un philosophe 6, La philosophie 3, La raison 1, Raisonnable 1, Penser 1, La raison contre la croyance 1, Le réalisme 1, Un être humain 1.


- Des connaissances historiques : La France 2, Le 17ème siècle 2, L’âge des lumières 1, Le moyen-âge 1, Cartesius-Karthezius 1.


- Des connaissances philosophiques : Cogito ergo sum 1, Je pense donc je suis 4, Les deux substances (pensante et étendue)1, Le traité des passions de l’âme 1, La déduction 1, La méthode 1.


- Des connaissances scientifiques : Méthode mathématique 1, Graphe mathématique 1, Carte géographique 2, Un mathématicien 4


Malgré quelques approximations, on constate une connaissance étendue et relativement précise du philosophe et de son œuvre et notamment à propos du plan cartésien toujours enseigné et utilisé.


Je me propose ici d’apporter diverses informations sur le philosophe sous différents points de vue.


Nous verrons qu’en plus de l’apport de civilisation, le point de vue linguistique est loin d’être négligeable et qu’il peut donc intéresser les enseignants de FLE. Je joindrai à cette brève présentation une fiche pratique construite à partir de la biographie de Descartes.



1- DU POINT DE VUE LEXICAL

Signalons pour commencer une dérivation par ajout du suffixe phile (qui aime). Même si elle n’est pas répertoriée par le Robert, il est possible de rencontrer : descartophile,
qui désigne le caractère de celui qui est amoureux de la philosophie de Descartes.

On trouve aussi un nom propre:
Descartes,
qui est la ville natale de René, en Indre et Loire en Touraine (originairement La Haye.) En outre, par dérivation à partir de la racine cartés (de Cartesius, le nom latin de Descartes) on peut construire : - un nom commun :
le cartésianisme,
qui désigne la doctrine de Descartes ou de ses successeurs. Cette dérivation est courante en didactique de la philosophie.

De la même façon on trouve le platonisme ou le kantisme. - un adjectif qualificatif :
cartésien, cartésienne,
qui désigne ce qui a rapport à la philosophie de Descartes ou qui désigne un adepte de cette philosophie. Ici encore on retrouve la même construction dans kantien ou platonicien. Mais cartésien possède par extension une valeur supplémentaire qui échappe à ses concurrents philosophiques.


Cet adjectif est passé dans le langage commun. Aujourd’hui quand on dit de quelqu’un qu’il est cartésien on ne signifie pas qu’il est un adepte de la philosophie de Descartes mais qu’il en possède les qualités propres ou les qualités qu’on imagine être celles de la pensée de Descartes : la clarté, la logique, l’aspect méthodique.


Ainsi faire preuve d’esprit cartésien c’est faire preuve d’ordre, de méthode analytique et d’organisation, c’est avoir l’esprit clair. Cependant cette solidité de la démarche intellectuelle n’est pas toujours positive car elle peut très bien se transformer en rigidité.


Voici l’exemple que nous donne le Petit Robert (1995), il s’agit d’une citation de Marcel Aymé :


[Ils étaient] solides, pondérés, cartésiens comme des bœufs.

En raison de la comparaison avec bœufs, ici cartésiens devient nettement péjoratif. En effet si le bœuf fait preuve de force et de capacité de travail, il est aussi abruti et plutôt étroit d’esprit. Cet exemple peut surprendre mais en fait, il est moins ironique qu’il en a l’air et correspond bien à un emploi possible du sémantisme de cartésien. Toute logique, cartésienne ou pas, ne fait que dire autrement ce que les propositions de départ (les prémisses) contenaient déjà. Le penseur cartésien ne s’écarte pas d’avantage de la ligne d’une démonstration logique que le bœuf ne s’éloigne du sillon de labour. La démarche analytique est tout à fait à l’opposé de la démarche créative et intuitive qui relève de la synthèse et qui sort des sentiers battus.
Etre cartésien c’est donc aussi être enfermé dans des habitudes de raisonnement.


2- DU POINT DE VUE DE L’HISTOIRE DE LA LANGUE

Après 842 et la signature du traité de Strasbourg qu’on considère comme un des premiers textes écrits en français, 1539 est une autre date importante puisque grâce à l’ordonnance de Villers-Cotterêts, François Ier impose le français comme unique langue administrative du royaume.


En 1637, année où Descartes publie le Discours de la méthode, le français devient donc également une langue philosophique et scientifique (elle était déjà une langue littéraire depuis la Chanson de Roland ou le Roman de Renard.)
Galilée avait inauguré ce nouveau statut scientifique d’une langue locale en publiant en italien les Dialogues des grands systèmes (1633.)
Il serait toutefois possible d´objecter ici que d´anciens philosophes, avient été déjà traduits en français dès le 13°siècle. (Claude Germain, Evolution de l´histoire des langues : 5000 ans d´histoire, CLE international,1993, p.54.)


Cependant ce choix de la langue maternelle trouve une justification au sein même de la philosophie cartésienne. En effet le travail de tout philosophe (quand il n’est pas sceptique) est de chercher le vrai et de combattre le faux. Descartes qui cherche à définir positivement la notion de vérité, considère que toute idée claire et distincte est une idée vraie. Dès lors, le langage de la vérité est un langage clair (Discours, I, 169). Or le langage le plus clair possible, c’est bien sûr celui de la langue maternelle.


On peut aussi expliquer cette innovation par une volonté de toucher un public le plus large possible, d’être accessible au plus grand nombre et pas seulement aux latinistes. Choisir de diffuser des connaissances en utilisant une langue locale aux dépens d’une langue des élites comme l’est le latin à l’époque, permet d’abord de démocratiser l’enseignement sur lequel s’appuiera le développement des sciences et des techniques qui amènera enfin le développement économique grâce auquel l’Europe échappera à l’obscurantisme médiéval.


3- DU POINT DE VUE DE L’HISTOIRE DES SCIENCES

Descartes (simultanément avec Pierre de Fermat) met au point la méthode qu’il appelle la géométrie analytique (géométrie algébrique.) Cette méthode permet de désigner les points et les droites par des nombres (ou des lettres en algèbre.)
Il s’agit en fait d’une cartographie de l’espace quadrillé par des droites perpendiculaires auxquelles on attribue un nombre suivant la place quelles occupent relativement à une origine. Pour rendre hommage au philosophe, on appelle parfois cette organisation descriptive de l’espace le plan cartésien dans lequel les droites et les courbes peuvent s’exprimer par des équations algébriques du type : y = a.x + b. Descartes établit donc une méthode géométrique pour trouver la solution d’une équation algébrique.


Il a également laissé son nom aux équations qu’il a lui même inventées. On trouve par exemple celle du ruban (folio): x3 y3 = 3axy


Mais en plus de ces contributions mathématiques, Descartes occupe une place importante dans le domaine de l’épistémologie (théorie de la connaissance.) La nouveauté de Descartes consiste à distinguer catégoriquement le sujet et le monde. Ce sont-là deux substances différentes qui ne peuvent donc pas interférer l’une sur l’autre. La substance étendue (res extensa), c’est à dire le monde, ne communique pas avec la substance pensante (res cogitans), c’est à dire le sujet. Le sujet peut donc connaître objectivement le monde puisqu’il ne l’influence pas.


Descartes apporte donc une première démonstration théorique de la possibilité d’existence des sciences objectives. Cette nouvelle objectivité que Descartes croyait définitive est celle de la géométrie des corps solides.


Il inaugurait ainsi une époque scientifique qui allait durer trois siècles : l’ère du mécanisme.

4- DU POINT DE VUE DE L’HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE.

Descartes en tant que penseur du XVII° siècle est un héritier du mouvement humaniste de la renaissance. Il partage ainsi le jugement positif que l’humanisme porte sur l’homme enfin libéré de la damnation du péché originel et capable de bonheur et de vie harmonieuse dans une nature connue par la raison.


Effectivement le but du Discours est de présenter une méthode générale qui permette grâce à un bon usage de sa raison, partagée par tous les hommes, de bien mener sa vie : je crus fermement que par ce moyen je russirois à˙conduire ma vie [I.136.]


Mais des penseurs comme Montaigne avaient conclu à un certain scepticisme généralisé qui tendait vers l’athéisme. Face à la pluralité des opinions, déjà la philosophie socratique, qu’on redécouvre en Europe, avait conclu à la fameuse modestie du je sais que je ne sais rien.


Pour Montaigne cependant, cette modestie est encore trop prétentieuse. En effet, si je ne sais vraiment rien, je ne peux même pas savoir que je ne sais rien, car ce serait faire la preuve que je sais quelque chose. Montaigne propose de résoudre ce paradoxe grâce à sa célèbre question: que sais-je ?


La réponse cartésienne.

Descartes pour mettre fin à cet intolérable scepticisme donnera une réponse à la question de Montaigne. Certes le constat de départ reste le même : le bon sens et la raison, sont naturellement et également en tout homme; ainsi la diversité des opinions ne vient pas de ce que les uns sont plus raisonnables que les autres, mais seulement de ce que nous conduisons nos pensées par diverses voies [I.122]. Le projet cartésien est donc de trouver une voie unique, une méthode universellement valable qui mettra fin au bruissement des vaines polémiques.

La première étape de la démonstration de Descartes est donc un doute généralisé : les opinions sont diverses et nulle ne semble plus valable qu´une autre. De plus, les diverses illusions d´optiques et l´expérience du rêve dont je suis convaicu, au moment où je rêve, qu´il est la réalité me font douter de toute information qui me vient de mes sens. Quant à la réalité du monde extérieur, elle est telle ce morceau de cire qu´il décrit dans sa deuxième méditation, sans cesse changeant. Il en va de même pour les sciences que Descartes jugent peu sûres. Ils estime que leurs vérités sont bien fragiles. En effet depuis le retour en Europe de la théorie d´Aristarque de Samos exposant la double rotation de la Terre, avec les lois de Kepler sur le mouvement elliptique des planètes et enfin les premières de Galilée sur le mouvement, toutes les parties de la physique aristotélicienne qu´on a crues vraies pendant presque deux mille ans, s´écroulent peu à peu.

 

C‘est dans le discours qu‘on trouve l‘explication du doute méthodique et l‘énoncé de la première vérité indubitable de sa philosophie: je doute , j‘existe (je pense donc je suis).

Plus tard dans les méditations métaphysique il posera l‘hypothèse que la réalité ne pourrait bien être qu‘un rêve; hypothèse du malin génie qui en quelque sorte sert à légitimé la mécessité du doute systématique.(Cette hypothèse fera bondir les théologiens qui remarque que Dieu ne le permettrait pas). Dans le discours le songe tient la place du malin génie. Comme toute ces vérités sont douteuses il faut les considérer comme fausse pour ne pas tomber dans l‘erreur. On se souvient que le but naturelle de la philosophie est de distinguer le vrai du faux. Le vrai se caractérise par ce qu‘il est clair et distinct. Descartes dit que l‘idée est claire lorsque‘elle est présente et ouverte à l‘esprit“. Ce sont les caractéres de la clarté et de la distinction qui permettent de reconnaitre la vérité. Tout ce qui peut être sujet du doute échappe nécessairement au critère de la clarté- on ne doute pas de ce qui est absolument clair- il faut donc considérer le doute comme faisant partie du faux.

Il faut donc examiner chacune de ses croyances à la lumière d‘une nouvelle méthode qui éliminera tout doute possible et qui assurera aux connaissances un critère définitif de vérité.

Cette méthode peut se présenter en quatre points:

1- Ne recevoir pour vraies que les idées dont nous n‘avons aucune raison de douter. Seules les idées claires et distinctes possèdent le critère de vérité.

2- Diviser chaque difficulté en autant de parcelle que nécessaire.

3- Conduire par ordre ses pensées des objets les plus simples aux plus complexes.

4- Passer toutes les choses en revue afin de ne rien omettre.

Pour conclure rappelons que Descartes en introduisant explicitement la problématique du sujet dans sa philosophie fonde ce qu´on appelle dorénavant la philosophie du sujet. Le principe général de cette philosophie peut se résumer ainsi : toute connaissance du monde n´est possible que si elle est précédée d´une conscience de soi. Quand Descartes écrit je pense donc je suis (cogito ergo sum), il signifie que la connaissance de l´existence du je (ego) est la première connaissance possible.

Ce principe de l´ego cogito fera école trois siècles plus tard quand Edmund Husserl fondera la phénoménologie (Heidegger, Merleau-Ponty, Sartre, Patočka…) et qu´il écrira en 1931 les Méditations cartésiennes.

Bibliographie indicative:

Discours de la méthode, suivi de la Dioptrique, éd. de Buzon, Folio-Essais

Méditations métaphysiques, éd. Jean-Marie et Michelle Beyssade, GF-Flammarion

Correspondance avec Elisabeth et autres lettres, éd. Jean-Marie et Michelle Beyssade, GF-Flammarion

Alquié Ferdinand : Descartes, l‘homme et l‘œuvre, Hatier

Beneš J.: René Descartes či Tomáš Akvinský ? Praha, TRS

Rodis-Lewis Geneviève : Descartes, Calmann-Lévy

Fiche pratique à partir de la biographie de René Descartes.

1596 : naissance en Touraine du petit René
1606 : entrée du jeune René au collège des jésuites de La Flèche à Anjou.
1614 : études à la Faculté de Poitiers.
1616 : baccalauréat et licence de droit.
1618 : engagement dans les armées du Prince Maurice D’Orange (en Hollande)
1619 : changement d´armée, il s’engage dans l’armée bavaroise.
1619 : rencontre avec le médecin Isaac Beeckman, qui le force à se mettre pour de bon au travail
1619 : rêve d’une « science admirable ».
1619-1628 : voyages et séjours en province et à Paris.
1628 : sur le conseil du Cardinal de Berulle, installation de Descartes en Hollande.
1633 : le Discours de la méthode est prêt. Deuxième condamnation de Galilée. Report du Discours.
1637 : publication du Discours à Leyde.
1641 : publication des Méditations métaphysiques
1644 : édition des Principes de la philosophie.
1649 : Traité des passions de l’âme adressé à la reine Christine.
1649 : arrivé de Descartes en Suède à la cour de la reine Christine.
1650 : pneumonie et mort.

Biographie composée à partir des sites internet :
- http://www.france.diplomatie.fr/culture/france/biblio/folio/descartes/
- http://www.lelycee.org/projets_pedagogiques/mathematiciens/desc001f.htm

I : Orientation dans le texte et sélection d´informations.
Quand Descartes fait-il son premier voyage en Hollande?
Où va-t-il au collège?
Que lui conseille le cardinal de Bérulle? Etc.

II : Syntaxe. Transformation des phrases nomminales en phrases verbales. Exemple : 1596 : naissance en Touraine du petit René
----> Le petit René nait en Touraine en 1596.

III : Production écrite. Rédaction de l´oraison funèbre de Descartes.

IV : Jeux de rôle.
Par groupe de deux, imaginez les dialogues puis jouez les scènes suivantes :
- Son père veut l´envoyer au collège, mais René ne veut pas partir
- René veut étudier la médecine, son professeur cherche à le convaincre d´étudier le droit.
- Isaac Beeckman force Descartes le paresseux à se mettre pour de bon au travail.
- La reine Christine veut persuader Descartes le frileux de venir en Suède.
 

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